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Photo du rédacteurMarie B.

Bilan lecture - Août 2022

Le mois d'août m'a vu passer par toutes les phases du stress, depuis celle qui me fait lire beaucoup, tout le temps, à celle qui me rend incapable d'enchaîner deux paragraphes. Je suis donc passée de pavés à des formats très courts, et dans le lot j'ai réussi à dénicher deux nouvelles pépites!


City of Dragons, Robin Hobb · 2012


Le troisième volume des Cités des Anciens commence trèèèès lentement. Les premiers chapitres servent surtout de rappel de ce qui s'est passé avant, ce qui est bien quand on ne les lit pas d'affilée, mais un peu ennuyeux dans le cas contraire. Cependant, après cette exposition, le rythme accélère! On découvre plusieurs nouveaux points de vue dans ce tome, ce qui donne plus d'ampleur à l'histoire. Certes, ça implique que les choses n'évoluent pas énormément pour les protagonistes que l'on suivait jusqu'ici, mais le changement de décor est le bienvenu, je trouve. Désolée d'être si vague, mais je ne veux rien spoiler!


Rep : personnages queers.


CW : je n'ai rien remarqué de plus que dans les volumes précédents. Si vous avez survécu jusqu'ici, vous pouvez continuer sans crainte!


le livre est posé debout sur une étagère remplie d'autres livres de Robin Hobb.

La Tour de Babylone, Ted Chiang · 2006


J'attends de lire ce recueil depuis 2016 quand je suis tombée amoureuse du film "Premier Contact" de Denis Villeneuve. Il est inspiré de "L'histoire de ta vie", une des nouvelles de ce livre. Je l'ai adorée. Concernant la fille de la narratrice, son histoire est moins théâtrale que dans le film, ce que j'ai vraiment apprécié. Dans le film, j'ai toujours trouvé ces passages un peu "too much" (même si j'ai quand même pleuré). En revanche, j'ai trouvé que le format du film se prêtait plus au tourbillon d'émotions qui se crée au fur et à mesure que l'on comprend ce qui arrive à la narratrice, la linguiste Louise Banks. De ce côté-là, la nouvelle est un peu plus factuelle.


Quant au reste des histoires, je n'ai rien de négatif à en dire. Elles sont toutes construites sur une idée forte, et exécutée avec efficacité. Je dois admettre que deux ou trois d'entre elles sont passées loiiiiiin au-dessus de mes capacités de comprendre ce qu'il se passait étant donné mon bagage limité en science et en philo. Et la chute de la première histoire, "La Tour de Babylone", m'a un tout petit peu déçue parce que j'avais lu quelque chose de similaire ailleurs. Mais dans l'ensemble, je recommande vraiment ce recueil!


Cw : pensées suicidaires ("Division par zéro"), mort d'un membre de la famille ("L'histoire de ta vie"), eugénisme ("Soixante-douze lettres"), mort d'un.e proche, accident de voiture et bigoterie ("L'enfer,..."), discrimination sur la beauté ("Aimer ce que l'on voit").


le livre dépasse de la poche d'un vêtement cousu dans un tissu noir à motif de larges fleurs grises

The Many Half-lived Lives of Sam Sylvester, Maya MacGregor · 2022


Si vous cherchez quelque chose à lire après Heartstopper et que vous avez déjà lu toute la bibliographie d'Alice Oseman (ou pas), ne cherchez pas plus loin! Ce roman est STELLAIRE au niveau de la représentation (et de manière générale). Il est plus sombre que ceux d'Alice Oseman car il insiste plus sur le trauma, mais dans le fond c'est une histoire de joie queer, de limites saines et de respect.


On y rencontre Sam Sylvester, qui vient de déménager dans une nouvelle ville avec son père, pour un nouveau départ. On sait dès le début que quelque chose de terrible lui est arrivé et a précipité le déménagement. Mais Sam est déterminé.e à laisser ça derrière lui autant que faire se peut, et à se concentrer sur ses passions. Ou obsessions. Parmi lesquelles son carnet de vies à demi vécues - des fragments de vie d'ados et de jeunes adultes morts avant d'avoir atteint leur 19e anniversaire... Une date qui approche à grands pas pour Sam. Ce qu'iel n'avait pas vu venir, c'est que l'un de ces jeunes a vécu dans la nouvelle maison de Sam... Et y est mort.


Rep : personnage principal autiste et non-binaire. L'auteurice, comme iel le dit dans les remerciements, est queer, non-binaire et autiste.


CW : queerphobie, mort d'enfants, relation toxique, vomissement.


une liseuse est posée devant une rangée de livres très anciens. La couverture montre Sam, une personne aux cheveux blancs et au bras tatoué tenant un carnet, le tout dans des tons de rose et de bleu.

Cathédrale, Hermine Lefebvre · 2022


De la Dark Academia queer en français? J'achète!


Ce livre est l'une des sorties de 2022 que j'attendais le plus. Je n'ai pas l'habitude d'acheter des livres qui viennent de paraître, mais rencontrer l'autrice à un festival en mai était la seule incitation qui me manquait!


Cathédrale est un roman assez subtil. Il est entièrement centré sur les personnages, ce que je ne pouvais qu'aimer. Les interactions donnent toute leur saveur à l'histoire, tout en laissant supposer qu'un mystère plane. On alterne entre deux points de vue : celui de Frédéric, étudiant issu d'un milieu populaire qui a eu la chance de recevoir une bourse, car il n'aurait jamais eu les moyens de s'inscrire à Cathédrale, l'université prestigieuse de la capitale. Et on a celui de Lionel, héritier d'une famille régnante, qui oscille constamment entre insupportable et sympa : insolence nonchalante et mépris des règles sont ses maîtres mots. Le tout dans le contexte d'une université qui semble avoir un caractère bien à elle.


J'ai adoré l'écriture des personnages, mais le côté "dark academia" m'a un peu laissée sur ma faim, parce que j'en aurais voulu plus! C'est juste mon amour pour le genre qui parle, mais je me suis surprise à manquer un peu de construction d'univers (ce qui ne m'arrive jamais) et à espérer plus d'infos sur les détails de la magie et du savoir. On en a plus vers la fin du livre, mais cela m'a semblé un peu précipité. Sûrement parce que je ne voulais tout simplement pas que le livre se termine.


Dans l'ensemble, un ajout solide au royaume Dark Academia de la littérature, avec le bonus de la représentation queer & neurodivergente.


Rep : personnage principal aro / ace et autiste, personnage secondaire bi.


CW : je n'ai pas réussi à identifier d'avertissement de contenu. Ca ne veut pas dire qu'il n'y en a pas, juste que j'ai échoué à les noter.


le livre est posé sur un sol en tomettes. Sa couverture, sur fond sombre, montre un escalier en colimaçon menant à une porte dans l'entrebaillement de laquelle filtre une lumière dorée.


The Jane Austen Writers' Club, Rebecca Smith · 2016


En partie célébration de Jane Austen, en partie livre sur l'écriture, cet essai nous invite à nous inspirer de Jane Austen pour écrire nos propres histoires. Beaucoup de place est accordée à une analyse de ce qui fait un roman de Jane Austen, mais les exercices d'écriture sont suffisamment larges pour s'adapter à des perspectives variées. Je recommande ce livre si vous n'avez pas besoin de conseils spécifiques mais avez plutôt besoin d'un coup de main pour regarder votre texte sous un angle différent. Bien que l'imaginaire ne soit absolument pas le genre concerné ici, je pense que c'est parfois bien utile de regarder comment font les auteurices venus des autres genres. Et qui sait? Une dose de badinage ou de drama digne d'un petit village de campagne pourrait mener votre space opéra épique dans des directions inattendues.


Bien que j'aie trouvé les citations souvent trop longues, elles étaient bien mises en contexte et les explications étaient du reste concises. J'ai aussi apprécié quand, à la fin, l'autrice pointe du doigt les préjugés et les biais de Jane Austen. Malgré l'ode qu'elle lui consacre, Rebecca Smith inclut une courte partie sur la grossophobie dans son œuvre, qui est bienvenue (la réflexion, pas la grossophobie).


une liseuse montrant la couverture du livre repose sur un tapis blanc à motifs orange et gris-bleu.

Winter's Orbit, Everina Maxwell · 2021


Ce livre de SF sur un mariage arrangé commence avec une situation absolument extravagante et des personnages très attachants. Jainan et Kiem sont si bien développés que je suis passée outre le fait que je ne concevais pas pouquoi deux hommes seraient forcés à se lier dans un mariage diplomatique, sachant que les mariages arrangés ont pour but principal de faire des bébés. Mais vous savez quoi? Il n'a fallu qu'un chapitre pour que les dialogues relevés et l'alchimie des personnages me convainquent que c'est en fait une bonne idée. Alors certes, le manque total de communication dans la première moitié du livre m'a fait m'arracher les cheveux, mais c'est si satisfaisant de voir la relation évoluer, et évoluer de manière saine.

Je ne suis pas amatrice de romance, mais celle-ci était plaisante. Ok, elle commence en mode "insta-love", mais à partir de là elle prend le temps de se développer donc je ne me suis pas sentie précipitée.


Rep : personnages queers racisés, casting divers et queer.


CW : douleur d'animaux, relation toxique, harcèlement.


une liseuse montrant la couverture du livre est posée sur un livre à l'air ancien, le tout sur une petite table en bois sombre, à côté d'un petit bouquet de roses séchées. Un tissu à motif occupe l'arrière-plan.


The Absolute Book, Elizabeth Knox · 2019


Je voulais vraiment, vraiment aimer ce livre mais j'ai dû l'abandonner au bout d'un tiers, parce que mon cerveau criblé de stress ne comprenait pas ce qu'il s'y passait. L'histoire est complexe, elle mêle le réel et le surnaturel, avec des retours en arrière et beaucoup de questions, ce qui sera super quand j'aurai l'espace mental pour. Ce qui n'est pas le cas pour le moment.


CW : trouble de l'alimentation, blessure décrite en détail.


Rep : jusqu'ici, j'ai recontré des fées noires!


Le Vieil Homme et son chat, tome 3, Nekomaki · 2017 (2019)


Daikichi et son chat Tama sont de retour pour mon plus grand bonheur dans ce tome tout doux et léger, avec une pointe de nostalgie. Rien de tel pour s'échapper en quelques traits et quelques touches de couleur vers cette petite île aux chats japonaise. Daikichi rouspète gentiment, il cuisine et se crée un petit potager pendant que le nouveau médecin tente de convaincre les voisins récalcitrants de se laisser soigner. Tout est réuni pour faire passer un moment paisible où on échange nos soucis du quotidien pour la vie au long cours de ce papi japonais et son chat.


CW : deuil, mort, suggestion d'abandon d'animal.


Sur un fond sombre, le livre est ouvert à une page montrant un chat blanc avec une écharpe, qui se réchauffe à côté d'un poêle. Un marque-page repose sur le livre, décoré d'un chat et d'éléments de cuisine.


Beyond the Gender Binary, Alok Vaid-Menon · 2020


Je cherchais une copie d'occasion de cet essai depuis que j'ai vu Alok dans l'émission Getting Curious de Jonathan Van Ness. Si vous n'avez pas vu ça, faites-vous une fleur et allez-y. C'est 30 minutes d'amour et de joie et de douleur.


Beyond the Gender Binary propose exactement ce que son titre suggère : explorer ce qui se cache au-delà de la binarité de genre. L'auteurice y appuie fortement sur la souffrance des victimes, donc soyez prêt.e.s, mais iel donne aussi une liste de réponses aux principales attaques de celleux qui se sentent menacé.e.s par l'existence de personnes trans ou non-binaires. Ce livre est très court et facile à lire, donc il devrait être mis entre toutes les mains.


CW : transphobia, queerphobia.


une main blanche aux ongles vernis de bordeaux tient un exemplaire du livre, dont la couverture est ornée d'un portrait dessiné d'Alok Vaid-Menon, devant un buisson sombre.

A Psalm for the Wild-built (Un psaume pour les recyclés sauvages), Becky Chambers · 2021


La dédicace de ce livre indique "For anybody who could use a break", et c'est exactement ça. Quel petit bijou précieux que ce livre! Je ne saurais pas exactement comment le décrire. Il y est question de thé, d'un Dieu des Petits Réconforts, et d'un robot doté d'une conscience. Son personnage principal, Dex, est un.e moine qui se voue à aider les autres mais se sent un petit peu perdu.e. Cette novella est de la science-fiction dans la mesure où elle se passe dans le futur, mais elle ne repose pas du tout là-dessus. C'est plutôt un texte qui déborde d'humanité et de petits plaisirs réconfortants et même si je ne voudrais pas vous donner des ordres, vous devez absolument vous rendre un service et aller le lire. D'ailleurs je vous en reparle bientôt.


une liseuse montrant la couverture du livre est posée sur un tapis de feuilles mortes.

The House on Mango Street, Sandra Cisneros · 1984


Ce livre est construit comme une suite d'instantanés naïfs saisis par notre narratrice et personnage principal, Esperanza, une jeune fille Latina qui grandit à Chicago avec sa famille et ne sait pas à quel monde elle appartient. Son histoire est celle de nombreux immigrants de première génération et elle fait face aux mêmes épreuves, certaines qu'Esperanza montre en pleine lumière, d'autres qu'elle est trop petite pour remarquer. Ce roman est raconté en petite bouchées qui se dégustent l'une après l'autre. Il est touchant mais dégringole dans une noirceur étouffante à la fin (voir les avertissements).

Rep : famille mexicaine-américaine.


CW : sexisme, grossophobie, violence domestique, harcèlement et violence sexuels, mort d'un enfant.


une main blanche tient le livre ouvert à la page de titre sur une petite table en bois. Un tissu à motif occupe l'arrière-plan.

 

Pour des avis plus fréquents sur mes lectures, je vous invite à aller faire un tour sur mon compte Instagram (il n’est pas obligatoire de s’inscrire) : https://www.instagram.com/mariebreta/.


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